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Titre du blog : Un été 1946 inoubliable à Montréal
Auteur : MarioRoman
Date de création : 15-05-2015
 
posté le 06-05-2019 à 22:03:01

Les parents de Paul

 

 

Honte à l'auteur : je ne leur ai pas donné de prénoms!

Le papa de Paul  est un personage tertiaire. Son apport le plus notable : arriver à lire un journal pendant les repas, les yeux fixés sur les pages, cela sans qu'une goutte de breuvage ou un morceau de nourriture ne tombe. Il est coordonnier et un bon  père.

Beaucoup plus importante est madame Gilbert. Après une douzaine d'années de mariage, elle n'a comme enfant que Paul. En cours de route : deux fausses couches qui la hantent chaque jour. L'arrivée de Rachel, enceinte, l'intrigue beaucoup et, tout comme Paul et Marie, elle cherche à devenir amie avec l'Américaine, même si elle ne parle pas anglais.

Rachel se montre graduellement réceptive à madame Gilbert, Seule loin des siens, ne pouvant communiquer, une jeune femme en attente pour la première fois a besoin de l'attention d'une autre femme.

Se développera une belle amitié de compréhension entre les deux femmes. Vers la fin du récit, madame Gilbert voit son désir se réaliser : elle est enceinte à son tour. Ceci ravit sincèrement Rachel. Il est indiqué, en épilogue, que le bébé, né en 1947, sera baptisé Rachel.

Voici une tranche d'amitié entre les deux femmes.

 

 

Chemin faisant, elles croisent une jeune mère qui promène son poupon dans un landau, en compagnie d’une autre femme, beaucoup plus âgée, sans doute la grand-mère du bébé. Trois générations de femmes. Rachel regarde autant l’enfant que les petits jouets qui l’entourent, alors que madame Gilbert annonce aux deux femmes qu’elle est enceinte, espère une fille et que sa copine, cela se voit très bien, connaîtra elle aussi l’honneur de la maternité cet automne. La femme évoque fièrement la biographie de sa petite, âgée de trois mois. Rachel et madame Gilbert s’éloignent en souriant, sachant que bientôt ce sera à leur tour de faire preuve de vantardise et de rechercher les compliments des passantes, désireuses de voir l’angelot.

 

Rachel trouve le parc ravissant. Elle se dirige vers un banc, s’assoit en posant une main sur son ventre. « Look at these cute little birds! » Les oiselets partent à l’aventure, après avoir peut-être quitté leur nid pour la première fois. « Nous sommes un peu comme la mère de ces oiseaux : garder le nid au chaud, leur donner à manger, leur enseigner ce que nous savons. » Madame Gilbert fait suivre cette phrase par une gestuelle où elle bat des ailes et désigne Rachel du doigt. L’Américaine ricane en acquiesçant d’un hochement de tête. « Je leur ai fait peur… Envolés, les mignons! Regardez ces arbres magnifiques, Rachel. »

 

La jeune Robinson observe la nature environnante, la bouche entrouverte. « It’s romantic. Your husband is romantic? » Madame Gilbert raconte leurs fréquentations, ces voyages hebdomadaires entre Montréal et Trois-Rivières. Rachel hoche la tête en signe d’approbation, même si elle ne comprend rien, sinon qu’il est question d’amour. En retour, la jeune mariée fait part de ses rendez-vous galants avec Jackie. Madame Gilbert sourit, même si elle ne comprend pas un seul mot, sinon qu’il est lui aussi un prince charmant.

Rachel se déchausse, marche autour du banc en déclarant  qu’elle a toujours aimé cette sensation, même si elle risque de déchirer ses nylons. Le petit parc est étonnamment calme, en dépit du grand boulevard, situé au nord. Les deux femmes pourraient se croire à la campagne.

« Paul is a dreamer, you know. » Madame Gilbert fronce les sourcils. Cette fois, elle voudrait comprendre avec précision le mot, car il est question de son fils. Rachel feint la position du sommeil en répétant le mot « dreamer ». La mère finit par comprendre, mais elle préfère le mot « imagination ». Rachel lui avoue qu’elle aime le voir bercer la poupée, prendre la main de Marie et lui susurrer des compliments sucrés.

 

Les deux femmes quittent leur banc, marchent doucement, s’attardent pour observer quatre vieillards, qui portent des casquettes et discutent ferme tout en fumant leurs pipes. Rachel raconte sa relation avec son grand-père. Elle fouille dans son sac à main, montre une photo de ses parents en compagnie de cet aïeul. « Les grands-parents sont précieux pour les enfants. Vous verrez. Votre papa sera un grand-père », explique la Canadienne.

 

Sans s’en rendre compte, elles quittent le parc et marchent vers un point d’arrêt du tramway, quand soudain Rachel grimace un peu, se tenant le bas du ventre, pointant du doigt en direction d’un petit restaurant. Besoin naturel! Le patron ne discute pas, comprenant qu’une femme enceinte ait besoin du petit coin davantage qu’une autre. Pour le remercier, madame Gilbert achète une tablette de chocolat, qu’elle partage avec Rachel.