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Titre du blog : Un été 1946 inoubliable à Montréal
Auteur : MarioRoman
Date de création : 15-05-2015
 
posté le 03-05-2019 à 21:55:14

Les relations entre Paul et Jackie

 

 

Comme indiqué précédemment, Jackie Robinson s'est montré méfiant dès son arrivée à Montréal. Il faut avouer qu'il avait de bonnes raisons pour ne pas avoir de relations avec les Blancs, après une expérience de racisme traumatisante en Floride et dans la plupart des villes de la ligue. Aux insultes incessantes et menaces, l'athlète devait aussi se frotter à l'accueil froid de ses coéquipiers. N'oublions pas que le gérant des Royaux avait demandé à Branch Ricky (des Dodgers de Brooklyn) s'il pensait sérieusement que les Noirs étaient des êtres humains.

 

Les échanges avec Paul sont beaucoup plus froids et difficiles qu'entre Rachel et Marie. Ils arrivent tardivement, en août, surtout parce que le garçon répète souvent le mot 'Université', ce qui intrigue Jackie.

 

L'extrait se concentre sur le premier geste de gentillesse de l'homme envers l'enfant.

 

 

 

 

« Bonjour, Jacques. Je m’exerce pour attraper des balles. Mon instructeur Pierre Hamel n’a pas été content de ma performance lors du camp d’entraînement des Verts. Alors, je veux m’améliorer, comme les grands qui vont à l’université.

- Listen, Paul. I’m a very busy man and I got many preoccupations and… What a waste of time…

- Les Royaux ont perdu, mais ce n’était pas de ta faute. Est-ce qu’il y a beaucoup de bons joueurs de baseball, à l’université?

- Branch Rickey never told me about that…

- Monsieur Rickey est à Brooklyn et nous, à Montréal. Il y a de belles universités, dans notre ville, comme la Ma Gilles.

- O.K., Paul. Give me that ball.

- Tu veux ma balle, Jacques? Pour quoi faire? »

 

 

 

Jackie prend l’objet, jette un regard circulaire pour s’assurer que personne ne le voie, puis fait signe à Paul de le suivre à l’arrière de la maison. Si quelqu’un l’apercevait, il sait que tous les gamins du quartier arriveraient avec une balle. Au contraire, Paul aurait préféré que chacun en soit témoin. L’événement aurait sans doute été raconté à Denis Turcotte et à sa bande de renégats. Rouges de jalousie! Mais, au fond, Paul désire avant tout un conseil de baseball. Venant du joueur de l’heure de la Ligue internationale, ce n’est certes pas à dédaigner. Après que Paul eut reçu la balle sur l’épaule, Jackie lui montre comment tenir le gant comme il faut, lui conseille de ne jamais quitter le projectile des yeux. La leçon dure quinze minutes, sous le regard ravi de Marie, installée avec Rachel dans l’escalier.