Le vilain du roman! Il y en a un dans chaque quartier... Le frondeur, le meneur d'une bande, le bagarreur, le provocateur. Il est le seul du récit à se montrer raciste et xénophobe, bien que tout ceci, pour un enfant de dix ans, soit le reflet de ses parents. Une séquence nous le montre avec sa mère nous indique que Denis est un enfant battu.
Cependant, ses opinions et ses actions sont souvent déclencheurs d'un revirement de situation. Il refuse que Paul joue au baseball avec les garçons de son quartier, parce qu'on l'a aperçu avec la poupée de Marie et qu'ainsi, selon Denis, Paul devient une moumoune. Le vilain en arrive à kidnapper la poupée, ce qui incite Jackie à briser son attitude distante.
Pourtant, Denis cherche aussi à devenir ami avec l'athlète et, malgré lui, est témoin de cette scène révélatrice de ce que Jackie devait affronter dans les autres villes de la ligue.
Denis surveille de près les articles des journaux pour connaître les exploits de Jackie Robinson. « Il vole des buts comme personne. Voilà ce qu’il va nous montrer. » Le garçon regarde aussi l’horaire de la saison, pour apprendre la date du retour à Montréal de l’athlète. Le grand moment venu, Denis, en compagnie de ses deux meilleurs joueurs, monte l’escalier jusqu’à l’étage de la maison de la rue de Gaspé, mais il n’ose pas cogner à la porte car il peut voir parfaitement, au bout du couloir, Jackie pleurant à chaudes larmes entre les bras de sa jeune épouse.
« Dites pas ça aux autres. Ils vont penser que Jackie est une femme.
- Juré, Denis!
- Un joueur de baseball qui pleure… On aura tout vu!
- Ça doit être à cause d’elle. Elle attend un bébé, tu sais.
- C’est ça! T’as cent fois raison, Philippe! »
Le trio croise Paul et Marie, poussant le landau où dort Irène. Ils rient du garçon et lui lancent des insultes, pendant que Marie trépigne et montre son poing, parce que ces imbéciles ont réveillé le bébé avec leur tintamarre.
« Des vrais bums! Je te le dis, ces gars-là vont tous brûler en enfer. Pas même une seconde dans le purgatoire! D’où venaient-ils, avec leurs gants et leurs casquettes? Pas de chez Jacques, j’espère! Je vais aller vérifier!
- Non, Paul.
- Pourquoi?
- T’as vu l’air qu’ils avaient? Et si tout à coup ils se sont rendus chez Jacques et Rachel et qu’ils ont agi en polissons? Rachel ne doit pas se sentir contente et ce n’est sûrement pas le bon temps pour toi de te présenter là
- Non seulement tu es la plus belle, mais tu es très intelligente. Je ne me suis pas trompé en te mariant.
- En attendant, Irène pleure encore.
- Ces enfants… Ces enfants… »