Le roman se termine avec un peu de tristesse, alors que madame Gilbert lit la lettre d'adieu que Rachel lui adresse, ainsi qu'à Paul et Marie. J'ai alors pensé qu'un épilogue, avec un clin d'oeil à une séquence inspirée d'une scène amusante du roman. serait de bon ton. De plus, j'informe le lectorat du destin du couple, de leur important héritage. Voici cet épilogue.
Jackie Robinson ne revint jamais jouer pour les Royaux de Montréal. Dès 1947, il s’illustrait avec les Dodgers de Brooklyn, devenant ainsi le premier athlète de race noire à briser le mur honteux du racisme, qui régissait le monde du baseball professionnel aux États-Unis. Insultes! Moqueries! Menaces! Jackie tenait la promesse qu’il avait faite à Branch Rickey en répondant à ses détracteurs par la force tranquille de son immense talent. La même année, un autre Noir, Larry Doby, était engagé par les Indians de Cleveland. D’autres allaient suivre. Rien ne fut facile pour ces hommes de couleur. Cependant, peu à peu, le visage de ce sport allait changer à jamais, pour le rendre meilleur.
En 1956, Jackie Robinson prit sa retraite. Il s’impliqua alors dans des causes sociales afin que ses sœurs et frères de race puissent jouir des mêmes droits que les Blancs. Rachel, qui l’accompagnait sans cesse, s’impliqua de plus en plus dans des causes humanitaires, surtout dans les domaines relatifs à la jeunesse. Tout en élevant deux garçons et une fille, elle fut professeure adjointe à la Yale School of Nursing, puis directrice des soins infirmiers au Connecticut Mental Health Center.
Les Royaux de Montréal ont cessé d’exister après la saison 1960. Le stade Delorimier fut fermé en 1961 et démoli à la fin de la décennie pour faire place à une école. Une statue de Jackie Robinson fut érigée à l’entrée du lieu.
Au cours de l’automne 1968, Montréal fut admise dans la Ligue nationale de baseball. Rapidement, Jackie et Rachel répondirent à l’invitation des Expos et assistèrent à une cérémonie protocolaire, heureux de retrouver la chaleur de ce peuple qui leur avait réservé un accueil si chaleureux en 1946. Alors qu’il regardait les joueurs qui évoluaient sur le terrain, le couple fut interrompu par un cri étrange : « Meuh! Meuh! Meuh! » Marie agitait une vache en peluche en direction de Rachel, alors que Paul, coiffé de la casquette des Royaux offerte par Jackie, envoyait la main, tout en mangeant une banane. À leurs côtés, il y avait une belle jeune femme au début de la vingtaine, qui fut présentée au couple Robinson : « Ma sœur Rachel, née en 1947. Maman n’est plus de ce monde, mais j’ai gardé dans mon cœur tout l’amour qu’elle vous portait, Rachel. » Ému, le couple Robinson s’empressa d’enlacer ceux qui symbolisaient le bonheur qu’ils avaient vécu durant l’année 1946. Jackie Robinson est décédé le 24 octobre 1972.
Au moment de la publication de ce roman, en juin 2019, Rachel Robinson, est toujours de ce monde, âgée de 96 ans. En 1973, elle a créé la Fondation Jackie Robinson, une organisation à but non lucratif offrant des possibilités d’éducation et de leadership aux étudiants appartenant à des minorités. Cet organisme humanitaire est aujourd’hui dirigé par sa fille.